Une valise pour l’enfer…

Toute aventure peut commencer avec une valise. Pour certains, c'est amusant, pour d'autres, c'est un véritable enfer, surtout si c’est la valise de Déborah. Une valise pour l’enfer, dernière micro-fiction 2018 d’Yves Carchon.

valise enfer deborah
Une valise pour l’enfer

La valise que Déborah portait me fit penser que je devrais l'aider.

Oui, mais à quoi au juste ?

A s’installer chez moi ?

Merci, j’avais déjà donné !

Certes sa valise était très grosse, et lourde, et les joues de Débo étaient rouges. Cinq étages à monter, pas facile, c’est vrai.

Depuis le temps qu’on attendait un ascenseur !

Elle me guignait sur le palier, avec juste une moue pour dire son désarroi. — Bon, ben, tu entres, ai-je dit en agrippant sa poignée de valise.

A l’intérieur, y’avait un doux bordel. Je veux parler d’un rangement qui s’opère seul quand on choisit le célibat.

Pas sûr qu’un chat y retrouverait ses petits.

Moi, si : je savais naviguer dans ce capharnaüm domestique.

Tout en entrant, elle a jeté un œil, se demandant où elle était. — Sur le divan, ce sera bien, a-t-elle fini par dire.

Elle s’est assise, a soupiré. — Je te préviens, tu ne restes pas longtemps, trois-quatre jours tout au plus ! Après, tu t’organises ! — Promis, m’a dit Débo.

Une semaine est passée, puis une autre. Je ne sais plus exactement comment les choses ont dérivé.

Au bout d’un mois, je me perdais chez moi. Je cherchais mon café, mes chaussettes, un bouquin oublié…

Elle avait tout remis en ordre, enfin, selon ses critères siens.

Holà, me suis-je dit, voilà qui sent mauvais !

Un mois plus tard, nous avions renoncé à faire ami-ami.

Trop compliqué. Et puis, comme dit le grand poète, il faut bien que le corps exulte !

Là, mes ennuis ont commencé.

Et tout le reste.

L’amour, la possession, la jalousie. Ah, non, pas ça, me suis-je dit. Voilà pourquoi je n’aiderai jamais de Déborah, valise ou pas, à franchir le seuil de ma porte !

Yves Carchon © Djebel Gilbert Nogues
Yves Carchon © Djebel Gilbert Nogues

Une micro-fiction signée Yves Carchon, écrivain, auteur de "Riquet m'a tuer" et de "Vieux démons"

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C
excellent .....deux mondes qui se rencontrent , puis chacun sa bulle , tellement vrai
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B
exactement...
M
Débarquer chez quelqu'un comme le fait Deborah, ce n'est pas moi, par contre je "joyeux foutoir" plus j'avoue.
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B
Il y a un peu de Déborah en toi alors .
M
Difficile d’ouvrir sa porte et son coeur !
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B
c'est tout à fait cela.
M
Je veille toujours à ce que la valises de mes visiteurs soit sans poids-nié...
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B
Tu connais tes visiteurs...
T
C' est prendre un risque que d' ouvrir sa porte !<br /> Le mieux est d' avoir une épouse !<br /> Bonne journée Bernie
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B
oui mais pour avoir une épouse, il faut avoir ouvert sa porte...
J
Pour un célibataire endurcit c'est voir arriver le diable à sa porte.... ;-) pas fait pour une vie à deux dans le sens "ménage" si Débo ne le comprend encore pas !
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B
Débo manquerait-elle de psychologie masculine ?
D
Je le comprends ... Lolll<br /> C/C : Bonne fin de semaine.<br /> Ce matin, c'est la tempête !<br /> Mais avec une douceur printanière et les jours qui commencent à rallonger.<br /> Et mon bras toujours tendiniteux.
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B
ça te rappelle quelqu'un ?