‘Saint-Sébastien’ remarquable tableau de Mattia Preti est une nouvelle acquisition de La Fondation Bemberg

La Fondation Bemberg est heureuse d'annoncer que, fidèle à son souci d'enrichir régulièrement les collections léguées par Georges Bemberg, elle vient de faire l'acquisition d’une peinture destinée à compléter les collections anciennes. Il s’agit d’un d’œuvre de Mattia Preti, artiste important de la peinture italienne du XVII° siècle, qui sera exposée à la Fondation Bemberg à partir du 26 juin 2019.

Mattia Preti_Saint Sebastien
© LM

 

Saint Sébastien

Mattia PRETI (Taverna, 1613 - Malte, 1699

Preti est né en 1613 en Calabre et se forma auprès de son frère ainé Gregorio dans la Rome des années 1630, creuset où s’élaborait la peinture baroque. Son style, hérité du caravagisme, évolua au milieu des années 1640, grâce à ses voyages à Venise où il étudia les compositions de Titien et Véronèse, et à Bologne où il vit celles des Carrache et du Guerchin. Cela lui permit de combiner la lumière expressive du réalisme sombre avec les effets d’espace atmosphérique à la vénitienne, n’hésitant pas à créer des œuvres d’une théâtralité impressionnante, souvent due à un cadrage par dessous.

A son retour à Rome en 1646 il travailla pour le pape Innocent X Pamphilii ainsi que pour d’autres importants mécènes, et décora à fresque le chœur de San Andrea della Valle. Sur ce chantier, il fut confronté à Dominiquin et Lanfranco. Notre toile, dont le professeur John T. Spike, spécialiste de l’artiste, a confirmé l’authenticité, a été datée par ce dernier de cette période romaine vers 1650-1652, et il la met en rapport avec les pendentifs de la coupole de l’église San Biago à Modène, où les quatre évangélistes nus sont comparables à notre figure. On y perçoit les influences que Preti a réinterprétées.

 

Un remarquable tableau de Mattia Pret

Ce tableau de dévotion, de moyen format pour un particulier, se distingue par la position du saint, face à l’arbre auquel il est attaché et non dos à lui. Preti abandonne l’image d’un Sébastien raide, immobile, subissant son sort, tels que ceux de la Renaissance par Mantegna (vers 1480, Louvre) ou Pérugin (1495, Louvre). C’est un athlète au torse puissant, en mouvement, qui ne reste pas statique malgré les flèches qui criblent son dos.

Le modèle populaire est un nu sculptural dont la puissance dramatique est contenue dans le visage baigné d’un rayon de soleil et tourné vers le ciel. L’ensemble est marqué par un fort contraste de clair-obscur, des détails réalistes, souvenirs du caravagisme : la trace du bronzage de son cou, la noirceur de ses ongles ou le sang coulant sur ses hanches.

On retrouve l’empreinte d’un tableau comme la Flagellation du Christ du Caravage au musée Rouen. Preti gravite dans le cercle de Bernin. La vigueur musculaire n’est pas sans rappeler les fleuves sculptés sur la fontaine de la place Navone exactement contemporaine, notamment Le Nil, qui a lui aussi les bras tendus, croisés dans le prolongement de l’épaule.

Suite à cette première représentation de saint Sébastien, Preti a été amené à peindre à nouveau ce sujet à plusieurs reprises au cours de sa carrière, lors de son passage à Naples de 1653 à 1661, puis son installation à Malte après 1661. Ce saint était très vénéré en tant que protecteur contre la peste et est aussi le patron de Taverna, ville de naissance de l’artiste.

Le retable le plus spectaculaire, commandé à Pretin en 1657 pour l’église San Sebastiano de Naples, montre le martyr assis, le corps écartelé (musée de Capodimonte). L’artiste a continuellement renouvelé son iconographie, le mettant en scène tantôt debout et en pied, tantôt assis ou à mi-corps.

On peut notamment citer celui daté du milieu des années 1660 (surintendance des beaux-arts de Cosenza), un aux alentours de 1680 (Jerez de la Frontera, collection privée), deux œuvres datées des années 1680 (Taverna, Banque du Crédit Coopératif de la Sila Piccola) et de 1687 (Taverna, église San Domenico), ou encore celui à mi-corps de 1694 (Valette, Musée national des beaux-arts), dernier tableau connu du peintre.

Cette belle œuvre qui viendra dans les semaines à venir enrichir les collections de la Fondation Bemberg à Toulouse, a été acquise en vente publique à Carcassonne le samedi 27 avril.

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M
un article fort interessant. la toile est très belle
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B
Merci, j'ai hâte d'aller voir cette toile