Une Vie de Garçon : une œuvre aboutie d’Olivier Papleux

Xavier Pépillou est attiré, intrigué, presque obsédé par le féminin. Pourquoi ?... Virginie Vanos nous offre un entretien exclusif avec Olivier Papleux, auteur de « Une Vie de Garçon », paru aux Éditions Poussières de Lune.

une vie de garcon olivier papleux couverture

 

Entretien avec Olivier Papleux, auteur de « Une Vie de Garçon », paru aux Éditions Poussières de Lune.

Virginie Vanos : Bonjour Olivier, te voilà déjà à ton quatrième roman. En quoi cette nouvelle œuvre se démarque-t-elle des trois précédentes ?

Olivier Papleux : L’écriture de mon premier roman (Le petit lézard vert) fut pour moi comme une nécessité, presque vitale. De créer bien sûr, mais surtout de réécrire une histoire que j’avais vécue, d’en analyser le déroulement et d’en modifier virtuellement la fin.

En 1999, mon deuxième roman (Deux allers simples) fut motivé par les mêmes raisons : romancer un vécu personnel. Le troisième roman (La Trappe aux Oiseaux), en 2015, marqua un tournant dans mon évolution littéraire : la remise en question de la société – pour le fond – et une forte évolution de mon style d’écriture – pour la forme.

Ce dernier roman (Une Vie de Garçon) est une forme d’aboutissement dans mon cheminement littéraire, marqué par la fin de l’analyse du moi et la mise en place d’un style d’écriture très personnel.

Me voilà aujourd’hui libre et libéré, avide d’écrire de nouveaux romans, tous très différents, au style épuré et très juste. Pas un mot de trop, peu d’adverbe, des descriptions courtes et frappantes…

 

VV : Revenons donc à cette œuvre aboutie : Une Vie de Garçon. Me trompe-je si je te dis que j’ai l’impression que ton roman comprend pas mal d’éléments autobiographiques ?

Olivier Papleux : Le héros, Xavier Pépillou, est petit, brunet, Français de la région d’Agen alors que je suis un grand blond belge. À quelques scènes près, rien de ce qu’il a vécu, je ne l’ai pas vécu. Ce détachement physique, géographique, familial et factuel m’a permis de me distancier du personnage. Et donc de me désinhiber, exprimant mes sentiments, mes sensations et ma propre quête en toute liberté.

 

VV : Tu serais donc un peu comme la conscience du héros ?

Olivier Papleux : [sourire...] Fin 1965, alors qu’il avait 2 ans et demi, Xavier a découvert l’existence d’un autre lui-même qui l’accompagnerait toute sa vie, une sorte de voix ironique ou moralisatrice, un alter ego, qu’on côtoie quand on  parle tout seul par exemple.

Aujourd’hui, j’ai parfois l’impression d’avoir été cette conscience de Xavier, cet autre-moi comme il dit. Et donc d’avoir été le témoin de ses émois, la réponse à ses questionnements.

Est-ce un pur hasard si Xavier Pépillou est l’anagramme d’Olivier Papleux ? Peut-être pas.

 

VV : Les femmes sont très présentes dans ton livre, autour de Xavier, ton héros. Peux-tu nous parler du rapport entre Xavier et les féminités qui l’entourent ?

Olivier Papleux : La trame de ce roman est annoncée dès la première page. Xavier Pépillou est attiré, intrigué, presque obsédé par le féminin. Pourquoi ?

Il passera sa vie à tenter de le comprendre et s’apercevra très vite que son obsession est toujours empreinte d’un immense respect, presque tabou, de l’être désiré.

olivier papleux dedicace

 

VV : Alors, ce féminin, cette quête : Graal ou illusion ?

Olivier Papleux : La lecture du roman vous le dira, comme il laissera entrevoir que ce féminin sacré se situe peut-être là où on l’imagine le moins.

 

VV : Pourquoi avoir choisi comme cadre le Sud-Ouest de la France ? Y a-t-il une quelconque raison affective ?

Olivier Papleux : Je connais surtout les Landes où j’ai passé 53 étés consécutifs. Xavier, lui, est né à Couyrasse, un hameau de Moncrabeau dans le Lot-et-Garonne. Dès les premières lignes, le décor est mis en place et le ton est donné : nous sommes dans le Sud-Ouest au climat chaleureux et au langage fleuri.

 « Qué Calou !

– Janou, c’est un Gascon, claironna maman, des tremblements de fierté dans la voix.

– C’est vrai ? Tu m’as fait un garçon, con ? » Page 12

Oui, je me sens aujourd’hui très attaché à cette région. Tous les lieux, tous les événements, sont décrits fidèlement, avec rigueur. À point tel que lorsque je croise quelqu’un du coin (dites-le avec l’accent !), j’ai la drôle d’impression de rencontrer un figurant de mon histoire.

VV : C’est quelque part le parcours d’un homme « 3ème millénaire ». Penses-tu avoir eu un regard pragmatique ou plutôt rêveur sur l’évolution de la masculinité ?

Olivier Papleux : La préparation de ce roman, générant la lecture de très nombreux ouvrages sur le sujet, m’a permis de développer une vision très réaliste de la place de l’homme dans la société actuelle.

Toutefois, ce roman n’aborde que le parcours du héros, sans vouloir le généraliser à l’ensemble de ses congénères. Xavier Pépillou étant un éternel rêveur, cet aspect prend souvent l’ascendant sur une réelle analyse structurée du sujet.

Personnellement, être un homme du 3ème millénaire ne m’angoisse pas. Au contraire, j’aurai vécu – et encouragé  – l’extinction du patriarcat.

 

VV : La poésie est omniprésente dans ton roman. L’est-elle aussi dans ta vie quotidienne ?

Olivier Papleux : Les poésies sont les fruits d’un mode d’expression littéraire. Je m’y adonne parfois et je savoure avec émotion celles que je rencontre ou que l’on m’adresse. Ce roman est en effet saupoudré de poésies. Parce que certaines circonstances émotives ne peuvent mieux s’exprimer que par des poésies.

« Englouti dans l’utérus,

Il perçoit l’humanité, joyeux chorus. 

Royaume de tous les sons, le ventre est corpus,    

Cris… Chants, glissandos plaintifs et gémissants sanctus

[clament et résonnent, incarnent l’angélus. »  Page 18

La poésie est tout autre chose. Il s’agit d’un état d’esprit, d’une faculté de percevoir la beauté et l’harmonie de notre environnement. J’ai appris à développer la poésie qui sourd en moi, ce sentiment capable de teinter d’une certaine beauté tous les sentiments, même les plus douloureux.

Page 15 : « La beauté rend parfois la douleur tolérable. »

olivier papleux

 

VV : Pour conclure, quelle est la question que l’on ne te pose jamais en tant qu’auteur et à laquelle tu aimerais pourtant bien avoir l’occasion de répondre ?

Olivier Papleux : Beaucoup attribuent à mon quatrième roman de réelles qualités. Nous savons tous qu’écrire un bon roman ne suffit pas. Un auteur qui n’est pas connu a besoin d’être lu, et encore lu, beaucoup lu, pour être enfin reconnu.

J’aimerais que chaque journaliste qui m’interviewe me demande : Que puis-je faire pour que ton roman soit lu ?

Et ma réponse est simple : En parler, partout où tu vas !

 

VV : Je te remercie. Et tous mes vœux de succès pour « Une Vie de Garçon »

Virginie Vanos © Marc Naesen
Virginie Vanos © Marc Naesen

 

Une rencontre signée Virginie Vanos

(Re) découvrez l’interview de Virginie Vanos qui nous parle de son dernier roman Anna Plurielle

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P
Belle surprise en surfant sur le net, 52 ans après je ne t'ai pas oublié car encore courant juillet étant à Lacanau, je n'ai pu m'empêcher de faire un saut au camp malheureusement déserté par les campeurs sous la tente. Moliets reste et restera dans mes meilleurs souvenirs avec la bande de copains que nous étions. C'est comme l'armée on n'oublie jamais. Peut être au plaisir de tes nouvelles. Sommes à Lyon depuis 5 ans. On va acheter le livre pour replonger dans le sud ouest. Tous nos vœux de réussite pour ce livre avec ton talent unique. Didier P.
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B
Bonjour Didier, je pense que vous vous adresser à l'auteur. Moi je suis le rédacteur de l'article, à moins que nous nous soyons connu mais où ?
A
J'aime beaucoup cette interview qui me fait réfléchir quant à l'image que renvoie les hommes et les femmes dans notre société actuelle. je me laisserais bien tenter par ce roman.<br /> Alexandra papiers Mâchés
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B
Merci Alexandra, alors laissez-vous tenter.
É
Bonjour Bernie. Je comprends qu'il ait envie d'être lu. Sinon à quoi sert d'écrire, juste à se défouler... Bonne journée
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B
Nous sommes totalement d'accord.
M
voilà un roman qui m'intrigue....peut-être vais-je l'acheter pour l'offrir....en attendant passe une bien agréable journée
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B
C'est une belle idée de cadeau.
J
Eh oui pas encore connu, en vivre, tous les auteurs ne le seront pas, c'est aussi dû à... la chance entre autres, alors bonne chance monsieur Papleux !
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B
Merci pour lui.
L
C'est bien je découvre
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B
C'est exactement le but de cette rencontre.
T
tu as répondu à son :" que puis je faire pour que ton roman soit lu !<br /> Bonne journée Bernie
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B
juste une pierre à l'édifice
D
Opération réussie : ce dialogue avec l'auteur donne envie de lire le livre.<br /> Bon Jeudi ... mitigé.<br /> Mon lipome s'est réveillé, le bougre.<br /> Mais je continue mes passages en pointillés.
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B
Super alors